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Le jeu fait partie intégrante du mouvement surréaliste.
Ce n'est pas une simple activité, mais une attitude, une
façon de vivre, un mode d'être. Il révèle,
selon Breton, le fonctionnement réel de la pensée.
N'est-ce pas par lui que passera la recherche " d'un certain
point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel
et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable
et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus
contradictoirement. Or, c'est en vain qu'on chercherait à
l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir
de détermination de ce point. " ? (André Breton,
Second manifeste surréaliste, 1930)
Une grande partie des jeux surréalistes s'appuient sur
les mots et une pratique "en aveugle" : un joueur écrit
une phrase, une question ou un membre de phrase et cache sa participation.
Le joueur suivant ajoute une phrase ou répond à
la question qu'il n'a, bien entendu, pas lue.
Le jeu a tous les atouts pour faire l'unanimité chez les
surréalistes. Il n'a pas d'objectif fini, il est incertain,
improductif, mais il possède des règles que l'on
respecte. Pas question de ne pas jouer "sérieusement"
! Il mêle enfin réel et imaginaire.
Le jeu peut apparaître comme l'une des voies d'accès
aux finalités de la démarche surréaliste,
comme l'écriture automatique. Dans une entreprise qui vise
plus largement à faire tomber les barrières entre
des éléments que l'on considère traditionnellement
comme antinomiques tels action et rêve, passé et
futur ou encore raison et folie, le jeu est un vecteur de réconciliation
entre le sérieux et le non-sérieux.
Le jeu, c'est aussi le groupe puisque tous les jeux pratiqués
par les surréalistes se jouent en commun, à deux
ou plus. Dans ce sens, il permet d'explorer aussi le fonctionnement
du collectif. Et conduit même, au-delà, à "
faire surgir une curieuse possibilité de la pensée,
qui serait celle de sa mise en commun ". Les surréalistes
restent fascinés - et nous aussi à la lecture des
résultats de certaines de leurs séances - par
les rapports étranges, par le fruit des rencontres fortuites,
par les analogies remarquables.
Roger Caillois, Les jeux et les hommes, Gallimard, 1958
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