Qu'il s'agisse de feuilles éparses jetées aux vents ou de faire feu de tout bois, Jacques Lacomblez ne se départ pas d'une humilité qui lui fait honneur, parmi ces quelques copeaux de poème, naviguant entre la raideur de l'aphorisme et l'art éphémère du fragment. Tout est dit dès les premières lignes, avec cette notation tremblant d'ironie contre son propre art : « L'esprit de provocation est souvent semblable à un casque ancien de Prusse armé d'une seconde pointe dirigée vers l'intérieur ». En effet, manier ainsi l'aphorisme, c’est lancer une pointe ulcérée qui entrave le réel certes, mais qui se retourne aussi et surtout contre son auteur, comme pour aller jusqu'au bout de l'esprit des mots. L'élan poétique est ainsi libéré, en avant et contre tout, en un mélange de frivolité et d'ironie, dans ces aphorismes acides et parfois très beaux : « "L'enfer, c'est les autres". Soit. Mais ceux-ci, partis, vous laissent toujours une boîte d'allumettes, soit en prétexte de leur retour, soit pour que vous vous brûliez les doigts dans la solitude. » Cela ne fait bien sûr qu’augurer de la suite de ces quelques notations…
Il fallait un inventeur (et gardien) de mythes comme Jean-Claude Charbonel pour épouser cette minéralité du sens et du mot, qui affleure si souvent dans l’écriture de Jacques Lacomblez. Ici, aucun semblant – vrai ou faux – d’illustration, mais une sorte d’itinéraire simultané, quasi fusionnel, où un Armor universel dresses ses roches rituelles, peuplées parfois de « naturels » narquois, et « résonne avec » (comme le luth du Tao) les deux versants de cet ouvrage de Lacomblez : l’un tout de réflection poétique, l’autre hérissée de provocations et de pointes ironiques plus douloureuses qu’agressives.

80 pages environ, 15x21 cm., avec 15 illustrations inédites et une couverture couleurs de Jean-Claude Charbonel. Prix : 10 Euros. ISBN : 978-2-9531333-0-1
Tirage de tête : 30 exemplaires signés par les artistes avec une estampe numérique numérotée et signée par Jean-Claude Charbonel, 40 Euros.
Le livre :
On y entre comme dans une forêts de signes indéchiffrables...
La complicité entre l'auteur et l'illustrateur est prégnante dans ce recueil ; elle s'illustre dès la mise en scène des mots sur la page, dès l'orée de ces quelques signes palpitant et oscillant de manière constante entre le jour incandescent et la nuit magnétique :
Les nuits singulièrement plus courtes
y échangent de longues poignées de mots
fuite des incohérences
extrême limite du signe
où toute halte est impossible
Cette complicité remonte aux années 70, époque où Jean Bazin fait la connaissance de Jean-Marc Debenedetti à l'occasion de la création de la revue Ellébore : ils se découvrent des engagements et des goûts communs en admirant et en fréquentant des artistes comme Christian D’Orgeix, Saül Kaminer, Mario Murùa, Guy Roussille et Philippe Collage. En 1986, cette association artistique les conduit à la fondation d'une revue intitulée Equivox.
Les poèmes de Figures de proie comme ceux de Papiers d'amnésie et du Dilettaire reflètent ces entrecroisements, ces passages, ces rencontres d'un temps à un autre, avec en leur centre la même passion pour le surréalisme, les mêmes rêves infréquentables.
Rien d’impossible dans cet univers affranchi du temps où une voix témoigne de « l’inlassable modernité onirique » tout en restant soucieuse de la qualité de la langue et d’une haute tenue littéraire se refusant les habituelles facilités.
(Claude Courtot)
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82 pages environ, 15x21 cm, avec 10 dessins inédits et une couverture en couleurs de Jean-Marc Debenedetti. ISBN : 978-2-9531333-1-8
Tirage de tête : 20 exemplaires signés par les artistes avec une gravure rehaussée, numérotée et signée par Jean-Marc Debenedetti.
34 tableaux en hommage à une couleur qui les efface toutes. 34 tableaux pour ne voir que le noir. Et dire que certains demandent à la vie qu'elle soit rose ! Nous voilà embarqués pour de nouvelles conquêtes. La marche à suivre est simple : se laisser dévorer par l'ombre en lâchant totalement la proie. On sait bien que la poésie est une des manières les plus efficaces de tout abandonner au coin d'un bois obscur. Tout, sauf le noir. Les oiseaux de nuit, les terres toujours inconnues, la révolution, forcément la nuit, l'amour aussi : Sébastien Doubinsky est un veilleur, qui ne désire rien d'autre que d'être absorbé par son sujet. Sur fond noir, l'éclat de tout ce qui vit vraiment est garanti.Voilà donc en accéléré quelques leçons de ténèbres. Mais pour se mettre à cette école, il est nécessaire de mériter le zéro de conduite et de savoir prononcer avec une certain plaisir ce petit mot, rapide et sec comme un soupir : néant.
Si Sébastien Doubinsky a surtout publié de la prose, il demeure cependant fidèle à sa passion première, la poésie : provocation, étonnement et sincérité sont les piliers autour desquels s’articulent des formes libres et ouvertes vers le lecteur. En complicité, Christian Martinache tient depuis longtemps un carnet de route sous forme de peinture, manière de garder une empreinte du temps, du paysage, de la vie. Un travail de mémoire et de dialogue entre obscurité et lumière. Un dialogue entre deux.

96 pp., 15x21 cm, avec 34 dessins inédits et une couverture en couleursde Christian Martinache.
ISBN : 978-2-9531333-2-5
Tirage de tête : 20 exemplaires signés par les auteurs, augmentés d’une estampe numérique signée de Christian Martinache.